Si, comme il se doit, vous avez assisté aux représentations en salle, vous savez donc que chaque air, chanson ou réplique qui n’est pas en français dans le texte se trouve sur-titré par un ingénieux système de panneaux éclairés d’ampoules électriques, descendant des cintres en concordance avec l’avancée de l’action sur scène.
Cependant, le livret en lui-même ne dispose pas de traductions, si bien que peu de temps après sa diffusion, un certain nombre de demandes ont été déposées auprès de l’administration du Théâtre afin que celles-ci soient fournies, d’une manière ou d’une autre. La quantité de sollicitations n’étant pas, néanmoins, suffisamment importante pour entraîner une remise en page totale et une réédition du livret – même si les presses marchent aujourd’hui à l’hypervapeur –, la direction du Théâtre a délégué à l’exposition permanente MUTATIS MUTANDIS la tâche de pourvoir à ce besoin.
Vous trouverez ainsi rassemblées dans ce dossier les traductions de tous les fragments de texte en langue étrangère, gracieusement mises à disposition par Gianni di Lorena lui-même.

Sopra l’acqua indormenzada – Venezia, R. Hahn
Un bref extrait de cette mélodie est chanté par Déon dans la scène XVII de l’Acte I.
Ti xe bela, ti xe zovene,
Ti xe fresca come un fior.
Tu es belle, tu es jeune,
Tu es fraîche comme une fleur.

Amour, que vous ai meffait – J. de Lescurel
Cette ballade en ancien françois est chantée par la reine Mahaut dans la scène MAHAUT & PELEGRIN (Acte I).
Amours, que vous ai meffait,
Qui amie non amée
Au dous plaisant m’avez fait ?
Lasse ! et point ne li agrée.
Et de quelle eure fui née,
Quant je n’ai loial ami ?
Amours douce et desirrée,
En amourez le de mi.
J’ai grant paour que il n’ait
Allieurs mise sa pensée ;
Quar tant est de dous atrait,
Sa guise si savouré,
Qu’aucune autre enamourée
L’a atrait, ce croi, a mi.
Amours douce et desirrée,
En amourez le de mi.
Ses regars m’a du cors trait
Mon cuer ; ainsi m’a navrée
Doucement ; très bien me plait.
Dex ! S’ausi m’avoit donnée
S’amour, plus beneurée
Ne seroit ; pour ce vous pri,
Amours douce et desirrée,
En amourez le de mi.
Amour, quel mal vous ai-je fait,
Pour qu’amie et non amante
Me fassiez à celui qui me plaît ?
Hélas ! Je ne lui plais point.
À quelle heure suis-je née,
Pour n’avoir point loyal ami ?
Amour, doux et désiré,
Enamourez-le de moi.
J’ai grande peur qu’il n’ait
Mise ailleurs sa pensée ;
Car tant de doux attraits
Agrémentent sa figure,
Qu’une autre enamourée
L’a attiré, je crois, loin de moi.
Amour, doux et désiré,
Enamourez-le de moi.
Ses regards m’ont du corps
Arraché le cœur ; ainsi me peinant
Doucement ; cela m’est doux.
Dieu ! S’il m’avait donné
Son amour, plus heureuse
Ne serait ; ainsi je vous prie,
Amour, doux et désiré,
Enamourez-le de moi.
Amarilli – G. Caccini
Cet air en ausonien est chanté par l’étudiant Tonio dans la scène TONIO (Acte I).
Amarilli, mia bella,
Non credi, o del mio cor dolce desio,
D’esser tu l’amor mio ?
Credilo pur : e se timor t’assale,
Prendi questo mio strale,
Aprimi il petto e vedrai scritto in core :
Amarilli è il mio amore.
Amaryllis, ma charmante,
Ne crois-tu point, ô cher désir de mon cœur,
Que tu es celle que j’aime ?
Crois-le donc : et si la crainte t’assaille,
Prends cette flèche qui est mienne,
Ouvre ma poitrine et voit écrit sur mon cœur :
Amarillys est celle que j’aime.